50 ans après le Combat du siècle : pourquoi la célébration du Ali-Foreman est importante pour la RDC

11h03 CET

28/10/2025

Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo, vibre au rythme des festivités marquant le cinquantième anniversaire du légendaire combat entre Muhammad Ali et George Foreman. Ce duel historique, surnommé "The Rumble in the Jungle", s'était tenu le 30 octobre 1974 au stade Tata Raphaël, qui sera rebaptisé stade Ali-Foreman en présence des familles des deux boxeurs.

Organisée par Divo International, en partenariat avec la fédération congolaise de boxe, avec les ministères congolais des Sports et loisirs, ministère de la culture et des arts, ainsi que l'ambassade des États-Unis en République démocratique du Congo, cette commémoration dépasse le cadre sportif. Elle s'inscrit dans une dynamique culturelle et populaire, avec pour ambition de faire de Kinshasa un carrefour international du sport et de la culture.

Les célébrations ont débuté par une soirée de gala le 11 septembre 2025, suivie en octobre d'un festival musical réunissant des artistes congolais, dont la superstar Fally IPUPA et des artistes américains. Tout au long du mois, la ville accueille des expositions, projections de documentaires, des activations dans les rues, des galas et rencontres sportives, dans une ambiance qui ressuscite l'esprit du combat du siècle.

Selon Deo Kasongo, fondateur de Divo International, l'objectif est clair :

« Faire de Kinshasa une plateforme sportive et culturelle de premier plan en Afrique. »

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Placé sous le haut patronage du président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, l'événement vise à raviver la mémoire de ce moment mythique du sport mondial, tout en valorisant le rôle de la RDC comme berceau d'un patrimoine culturel et sportif d'envergure internationale.

Autre moment fort : l'arrivée annoncée du légendaire Mike Tyson à Kinshasa le 17 octobre. Considéré comme l'un des héritiers spirituels de Muhammad Ali, sa présence confère à l'événement une dimension historique et symbolique.

« Tyson incarne la continuité de l'héritage laissé par Ali, disparu en 2016, et souligne la portée universelle du combat Ali-Foreman, l'un des plus grands affrontements de l'histoire de la boxe », souligne monsieur Kasongo.

Un héritage à transmettre

Le journaliste Pierre Célestin Kabala, témoin du combat de 1974 et coordinateur de la commission presse de l'époque, insiste sur l'importance de préserver cet héritage pour les générations futures.

« Le Rumble in the Jungle n'était pas seulement un combat de boxe. C'était un symbole de résistance, d'unité et d'espoir pour l'Afrique. »

La restauration du stade Tata Raphaël et sa valorisation ne sont pas de simples gestes symboliques. Ils incarnent une volonté de transmettre aux jeunes Congolais une histoire inspirante, porteuse de fierté et de potentiel.

La genèse d'un mythe

Cette histoire nous est racontée par le journaliste Pierre Célestin Kabala, il a été témoin de cet évènement dès le début.

En 1973, le régime du président Mobutu fait face à une pression internationale croissante. Lors d'un discours à l'ONU, il remet en question l'ordre mondial, déclarant :

« Entre un frère et un ami, le choix est clair. »

Il choisit ses frères arabes, au détriment d'Israël, provoquant la colère de certains supporters de l'état hébreu.

Pendant ce temps, Cassius Clay, ancien champion du monde, refuse de combattre au Vietnam. Condamné, il passe plusieurs années en prison, rêvant de reconquérir son titre. C'est là qu'il rencontre Don King, un promoteur afro-américain incarcéré, qui lui promet de l'aider à revenir sur le ring.

À sa sortie, Clay se convertit à l'islam et devient Muhammad Ali. Il entame un voyage au Moyen-Orient, tandis que Mobutu, sans le savoir, effectue une tournée dans la même région. Le destin les réunira à Kinshasa, pour un combat qui marquera à jamais l'histoire du sport et de l'Afrique.

La rencontre

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Au début de l'année 1974, nous nous sommes rendus au Caire pour couvrir la Coupe d'Afrique des Nations. Par un pur hasard, nous avons appris que Muhammad Ali était présent, venu saluer ses frères arabes.

Nous étions une petite délégation de journalistes, et après l'avoir vu, nous avons transmis l'information à notre représentation diplomatique, qui à son tour en a informé le Président de la République.

Le président Mobutu a alors rencontré Muhammad Ali en tête-à-tête. Son objectif était clair : faire connaître le Zaïre au monde entier. Pour Ali, engagé dans un combat pour la dignité des Noirs aux États-Unis, et Mobutu, promoteur de l'authenticité africaine, cette rencontre était une opportunité d'unir leurs causes.

Une équipe d'experts fut rapidement mise en place, avec Don King à sa tête, accompagné de John Delair, homme d'affaires sud-africain naturalisé américain. Ce dernier s'engagea à garantir l'organisation du combat, allant jusqu'à mettre un chèque en jeu.

Après avoir remporté la CAN 1974, le Zaïre était en pleine ascension sportive.

De retour au pays, nous avons été convoqués par le président, qui nous annonça son ambition : organiser le championnat du monde de boxe poids lourds à Kinshasa. À la présidence, personne ne savait par où commencer. Il nous fut demandé d'établir un budget, puis une délégation fut envoyée aux États-Unis pour prendre contact avec les équipes de Muhammad Ali et George Foreman. Un accord fut trouvé, et une délégation américaine vint à son tour découvrir le Zaïre.

L'organisation

Très vite, le Congo devint le centre de toutes les attentions, suscitant admiration et scepticisme. Jamais auparavant un pays africain n'avait organisé un championnat du monde de boxe poids lourds. Même l'Europe ne l'avait pas encore fait. Certains disaient : « Pas Kinshasa ! Ils n'ont ni les moyens ni les compétences. »

Mais Mobutu, homme obstiné, était déterminé. Des accords furent signés avec les boxeurs, chacun recevant un million de dollars. Kinshasa accepta ce montant pour l'honneur. Le combat fut organisé sans l'aide d'aucun autre pays.

Le comité organisateur estima le coût des travaux à plus de 100 millions de dollars. Toute la ville fut électrifiée, les infrastructures hôtelières modernisées, et le stade du 20 mai rénové. Grâce à notre station terrienne de télévision, l'une des premières en Afrique, nous étions assurés d'une retransmission impeccable. Cent bus ayant servi à la Coupe du Monde 1974 en Allemagne furent achetés, ainsi que des centaines de voitures et minibus.

L'ambiance à Kinshasa

Les Kinois étaient impatients. La réputation de Muhammad Ali l'avait précédé. Pour beaucoup, il était une légende vivante. Le combat fut associé à un grand festival de musique afro-américaine. Des vedettes comme Johnny Pacheco, Miriam Makeba, Barry White et Stevie Wonder avaient répondu à l'appel.

L'arrivée des boxeurs

Lorsque Ali arriva à Kinshasa, l'aéroport était bondé. Accompagné de sa femme Belinda, il embrassa le sol en déclarant : « Je reviens sur la terre de mes ancêtres. » Il anima la foule avec ses gestes de boxe, affirmant que Foreman allait tomber.

Quelques jours plus tard, Foreman arriva. Contrairement à Ali, il fut accueilli froidement, perçu comme un étranger, presque comme un ancien colon. Très réservé, il parlait peu et gardait ses distances, accompagné de son chien.

Ali, lui, faisait son footing tôt le matin jusqu'au grand marché. Il galvanisait la foule qui scandait en lingala : « Ali boma ye ! » (Ali, tue-le !). Cet engouement affecta Foreman, qui souffrit de problèmes de santé. Le combat fut reporté jusqu'à son rétablissement, et tous les touristes furent pris en charge par le gouvernement.

Le combat

Le 30 octobre 1974, à 3 heures du matin, le combat eut lieu à Kinshasa pour permettre une retransmission en direct aux États-Unis. Le stade était plein, et l'ambiance électrique. Ali entra sous les acclamations : « Ali boma ye ! » Il fit le tour du ring, salua la foule, puis se plaça dans son coin. Foreman monta à son tour, concentré mais visiblement tendu.

Dès les premiers échanges, la puissance de Foreman fit craindre le pire. Mais Ali, rusé, adopta une stratégie d'usure. Il s'accrochait à Foreman, le poussait dans les cordes, le fatiguait. Foreman, habitué à mettre ses adversaires KO en trois rounds, ne tenait pas la distance.

Au huitième round, Ali lui murmura : « Foreman, c'est fini pour toi. Tu es épuisé. Maintenant, je vais t'abattre. » Il enchaîna les coups, et Foreman s'effondra. Le stade explosa de joie.

L'après-combat

La fête dura 48 heures. Kinshasa vibrait. Ali laissa une empreinte durable au Zaïre. Il contribua à la rénovation de la mosquée d'Usoke. Foreman, arrivé à Bruxelles, reconnut humblement : « Ali était le plus fort. »

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