12h56 CEST
18/06/2025
Le 02 mai dernier, Victoire Tomegah-Dogbé, Premier ministre du Togo, a rendu sa démission ainsi que celle de l'ensemble de tout son gouvernement. Depuis, les Togolais attendent la nomination d'un nouveau gouvernement. Beaucoup s'interrogent sur le profil des prochains membres de l'exécutif. Pendant que certains espèrent des reconductions, d'autres attendent un renouveau à certains départements. Quid du ministère des Sports ? Pendant près de 5 ans, Dr Lidi Bessi Kama a incarné les Sports au Togo. Avec, bien entendu, des réformes. Journée nationale des sports, relance des championnats scolaires et universitaires, hausse de la subvention de l'Etat aux fédérations nationales sportives. Des actions à mettre à son actif pour redynamiser le secteur des sports. A l'envers, il serait difficile de négliger certains faits notamment aucune participation à une phase finale de coupe d'Afrique des nations Seniors depuis sa nomination, des tensions entre elle et les acteurs sportifs notamment certains responsables de fédérations nationales sportives et légendes, ... En outre, Madame Bessi Kama s'est personnellement investie dans le processus de recrutement du sélectionneur Nibombé Daré. Un staff composé de nationaux, d'anciens joueurs : Nibombé Daré, Abalo Dosseh, Kader Cougbadja-Touré. Ella a d'ailleurs gardé Serge Akakpo. Même si ses relations avec l'ancien capitaine Emmanuel Adebayor n'ont pas toujours été des meilleures, elle a souvent rencontré l'ancien joueur d'Arsenal pour discuter du football togolais. A l'arrivée, les résultats ne sont pas au rendez-vous. Le Togo va, une nouvelle fois, manquer une phase finale de CAN. Il faudrait donc reconnaître qu'il y a des chantiers plus importants qui attendent et auxquels doivent s'atteler le prochain ministre des Sports.
La politique nationale des sports Autant un navire ne peut avancer en haute mer sans gouvernail, autant un avion ne peut décoller sans connaître la direction du vent. Les sports au Togo souffrent d'un manque de politique nationale. Une situation qui fait naviguer à vue les acteurs, sans planification stratégique. "Ne rien planifier, c'est planifier son échec", dit-on. Comment les acteurs sportifs peuvent-ils agir et évaluer l'impact de leurs actions si l'Etat ne trace pas la direction à suivre, ne définit pas des objectifs à court, moyen et long termes ? La construction des infrastructures ne doit plus se faire selon les humeurs et mouvements de certains acteurs sportifs. Au-delà, la politique nationale des sports établira un cadre pour les investissements privés dans les sports togolais. Un appui qui soulagera, sans doute l'Etat. Le prochain ministre des Sports doit donc travailler avec tous les acteurs sportifs pour poser les bases de la politique nationale sportive, socle d'un développement sportif. Cela ne fera que rejaillir sur les sélections nationales.
Les sélections nationales S'il est vrai que le football est le sport roi au Togo, le prochain ministre des Sports doit travailler à doter toutes les sélections nationales de moyens équitables pour une meilleure représentation du Togo. Les fédérations nationales sportives, en dehors du football, ont d'énormes difficultés pour représenter le Togo lors des compétitions internationales. Même lorsqu'elles sont chez nous. Le dernier tour cycliste du Togo et les résultats des coureurs togolais sont encore frais dans les mémoires. Les difficultés des sélections nationales de Marcana, de volley-ball, de handball, de basket-ball, ... pour se frayer un chemin à l'international sont des indicateurs. Parlant d'ailleurs du football, elle est la vitrine du pays. C'est la discipline phare. Il est donc impérieux que les moyens soient renforcés à l'endroit de cette discipline pour une meilleure représentation. "La sélection appartient à l'Etat", entend-on souvent dire. Il va donc sans dire que c'est à l'Etat d'assurer la prise en charge totale et entière des sélections nationales de football. Sous l'ère Claude Leroy puis celle de Paulo Duarte, le Togo était présent à (presque) toutes les journées FIFA. Cela ne devrait pas s'arrêter. Les compétitions de jeunes ne doivent pas se dérouler sans le Togo. La prise en charge des sélections nationales, toutes disciplines confondues, ne peut se faire sans une réelle complicité entre le ministère et les fédérations nationales.
Un ministre rassembleur, ouvert, pas autoritaire S'il est vrai que le ministère incarne l'autorité de l'Etat et, dans ce sens, instruit les fédérations nationales sportives, il est aussi impérieux de reconnaître que celles-ci sont au cœur de l'action et donc, au parfum des réalités de leurs disciplines respectives. L'obligation de résultats ne devrait pas effacer la saine collaboration qui est censée marquer les relations entre les différents acteurs. Les rappels à l'ordre, les réajustements d'objectifs peuvent se faire sans grande frustration, sans invectives, en toute discrétion.