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Coupes d'Afrique des nations : Comprendre l'écart de rémunération entre hommes et femmes

11h33 CEST

22/07/2025

Getty Images
L'Afrique du Sud, vainqueur de la Coupe d'Afrique des Nations féminine en 2022, a reçu 500.000 USD de prize money.

Le football est le sport roi en Afrique. Pourtant, toutes les couronnes ne se valent pas, selon le genre.

D'un côté, la Coupe d'Afrique des Nations (CAN) masculine attire les foules, les sponsors et les milliards. De l'autre, la CAN féminine (WAFCON), bien que de plus en plus compétitive et populaire, peine encore à sortir de l'ombre.

Alors que le football masculin fait vibrer des millions de fans à travers l'Afrique et attire les sponsors les plus puissants, son pendant féminin souffre d'un désintérêt des médias et du public.

Pourquoi une telle différence de traitement entre les deux disciplines ? Quels sont les enjeux liés à la rémunération et aux budgets alloués ? BBC Afrique décrypte les raisons qui ne sont pas toujours une affaire de résultats sportifs.

En Afrique, le football s'est historiquement développé dans un univers masculin.

Pendant longtemps, les femmes étaient largement exclues des terrains, tenues à l'écart par les normes sociales, religieuses ou tout simplement par le manque d'espaces sûrs pour pratiquer.

Ce n'est qu'à partir des années 1990 que les premières compétitions féminines voient timidement le jour sous l'égide de la CAF.

La première Coupe d'Afrique des Nations féminine officielle n'a été organisée qu'en 1998, soit plus de 40 ans après la première CAN masculine.

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Des Prize money à deux vitesses

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Chaque joueur ivoirien vainqueur de la CAN 2023 a reçu une prime d'un montant de 50 millions de francs CFA offerte par le chef de l'Etat ivoirien Alassane Dramane Ouattara.

L'écart budgétaire entre football masculin et féminin est abyssal. Les fédérations africaines investissent prioritairement dans les équipes masculines : salaires des sélectionneurs, primes de match, stages à l'étranger, équipements, etc.

À l'opposé, les équipes féminines doivent souvent se contenter du minimum vital.

Meme s'il est vrai que les joueuses ne sont pas encore assez populaires, elles sont loin d'avoir la même reconnaissance et de bénéficier du même traitement médiatique voire politique que leurs homologues masculins.

Cela se répercute forcément sur les dotations financières lors des compétitions internationales.

La CAN 2023, remportée par la Cote d'Ivoire à domicile, a vu son prize money atteindre 7 millions de dollars pour le vainqueur, avec un total de plus de 26 millions distribués pour les 24 sélections qualifiées.

En 2022, la CAF avait pourtant doublé les primes de la WAFCON, la CAN féminine, mais l'écart reste criant : 500 000 dollars pour le vainqueur, soit 14 fois moins que chez les hommes.

Pourtant, l'instance dirigeante du football continental affirme soutenir le développement du football féminin. Mais dans les faits, les écarts financiers persistent, malgré quelques augmentations récentes.

La CAF justifie souvent cet écart par la rentabilité économique : moins de revenus issus des droits TV, du sponsoring et de la billetterie.

Pour l'édition 2024, qui se tient au Maroc du 5 au 26 juillet 2025, la CAF a annoncé une revalorisation substantielle des dotations financières allouées à la Coupe d'Afrique des Nations Féminine CAF.

La prime destinée à l'équipe championne a été doublée, tandis que l'enveloppe totale de la compétition enregistre une hausse de 45 %.

La répartition des dotations financières pour les équipes participantes à la CAN Féminine 2024 est la suivante :

  • Vainqueur : 1 000 000 USD
  • Finaliste : 500 000 USD
  • Troisième place : 350 000 USD
  • Quatrième place : 300 000 USD
  • Quarts de finaliste (8 équipes) : 200 000 USD chacune
  • Troisième de groupe : 150 000 USD
  • Quatrième de groupe (3 équipes) : 125 000 USD chacune
  • Montant total des récompenses : 3 475 000 USD
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Le Sénégal vainqueur de la Coupe d'Afrique des Nations 2021 a empoché la somme de 4,5 millions d'euros (près de 3 milliards Cfa).

Cette différence dans le traitement des sélections masculines et féminines sur le continent fait souvement les gros titres de la presse sportive.

En 2010, le journaliste sportif nigérian Nnamdi Okosieme a écrit de nombreux articles sur la façon dont les Falcons avait joué pour des "cacahuètes".

Les joueuses nigérianes ont reçu 500 $ pour chaque match gagné à la Coupe du Monde, contre 30 000 $ pour les hommes.

Et, tandis que l'équipe masculine a été logée dans des hôtels cinq étoiles, l'équipe féminine a été régulièrement hébergée dans des logements inférieurs aux normes, avait t-il dénoncé à l'époque.

Les joueuses évoluant dans les championnats nationaux touchent souvent des indemnités dérisoires, bien loin du statut professionnel.

Au Cameroun, certaines joueuses touchent l'équivalent de 40 à 60 euros par mois, et souvent avec des retards de paiement.

Lors de la CAN masculine 2021, le Sénégal a empoché 7 millions de dollars en remportant le trophée. En parallèle, la sélection féminine n'a jamais bénéficié d'un tel soutien financier, même après sa première qualification historique à la CAN 2022 au Maroc.

Même constat au Cameroun : bien que les Lionnes Indomptables sont régulièrement présentes en Coupe d'Afrique et même en Coupe du Monde, leurs primes sont souvent inférieures, versées en retard, voire contestées.

En 2019, elles ont même protesté publiquement pour exiger le paiement de leurs dues après le Mondial en France.

S'exprimant avant l'annonce de la CAF de reporter d'un an la tenue de la CAN féminine, l'internationale nigériane Desire Oparanozie a déclaré à BBC Sport Africa qu'un retard ferait reculer le football féminin en Afrique.

« Ne pas organiser ce tournoi au moment où nous devrions l'organiser nous ferait peut-être reculer de 10 pas », a déclaré l'attaquante.

« En ce qui concerne le football féminin, nous essayons toujours d'arriver là où nous devons être. Je pense, tout d'abord, que c'est un manque de priorité accordée au football féminin en Afrique, car vous ne pouvez pas me dire que c'est la même chose pour les hommes. »

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La couverture médiatique en question

Quand les Super Eagles, les Lions indomptables ou les Lions de la Teranga jouent, les chaînes de télévision bousculent leurs programmes. Mais combien de matchs féminins sont diffusés en direct, même lors de grandes compétitions comme la CAN féminine ou la Ligue des champions féminine de la CAF ?

Lors de la dernière édition de la WAFCON au Maroc en 2022, la qualité du jeu et l'engouement des supporters ont été salués. Pourtant, la couverture médiatique est restée largement inférieure à celle de la dernière édition de la CAN masculine en Cote d'Ivoire.

Le rôle des médias est pourtant crucial : sans relais, pas de visibilité et donc pas d'intérêt commercial ni de reconnaissance du public.

L'absence de visibilité crée un cercle vicieux :

Peu de couverture signifie peu de sponsors,

Peu de sponsors = peu de moyens,

Peu de moyens est synonyme de peu de performance et par conséquent de peu d'intérêt médiatique.

Il y a peu de matchs diffusés à l'échelle continentale, en plus d'une faible visibilité dans les journaux et sur les plateformes numériques.

Les médias ont pourtant le pouvoir de changer le narratif autour du football féminin et changer le regard du grand public sur les joueuses et leur métier.

En donnant la parole aux actrices, en rendant compte de leurs performances de la meme manière que pour les hommes, et surtout en racontant les belles histoires qui valorisent le foot féminin, ils contribuent à faire grandir le football féminin sur le continent et susciter des vocations chez les jeunes filles.

« Quand on joue, parfois même les journalistes ou certains officiels ne se déplacent pas. C'est comme si on ne comptait pas comme les hommes », confiait une joueuse sénégalaise dans une interview à la presse locale.

Quelles sont les réponses de la FIFA et de la CAF ?

La FIFA a lancé depuis quelques années un programme global de développement du football féminin. Objectif : atteindre 60 millions de joueuses licenciées dans le monde d'ici 2026.

En Afrique, cela passe par l'accompagnement des fédérations pour créer des ligues féminines, des subventions pour la formation des encadreurs et encadreuses et la création d'une Ligue des champions féminine CAF, lancée en 2021.

Mais ces efforts peinent à combler des décennies de retard structurel et de désintérêt politique.

Le Président de la Confédération Africaine de Football, Dr Patrice Motsepe, a déclaré à ce sujet : « La CAF poursuit son engagement en faveur du développement et de la progression du football féminin en Afrique. L'augmentation de 100 % de la prime destinée à l'équipe vainqueur de la Coupe d'Afrique des Nations Féminine CAF TotalEnergies Maroc 2024, ainsi que la hausse de 45 % de l'ensemble des récompenses, devraient favoriser l'amélioration des rémunérations des joueuses, des entraîneurs et des staffs techniques.»

« Le niveau de performance du football féminin africain ne cesse de progresser et atteint désormais des standards internationaux. Nous nous réjouissons de la croissance significative du nombre de supporters, de téléspectateurs et de partenaires autour de cette édition 2024. Cette compétition s'annonce comme un grand succès », estime M.Motsepe.

Un nouveau trophée pour un nouvel élan

En parallèle, la coupe remise au vainqueur va aussi changer à partir de cette édition. Inspiré du trophée de la CAN masculine, il est décrit comme "un symbole de l'essor et de la reconnaissance du football féminin en Afrique."

Le nouveau trophée adopte un design original et moderne : il est composé de pétales en spirale représentant les nations participantes, d'une sphère dorée texturée en forme de ballon, ornée d'une carte d'Afrique brillante, et un socle en marbre blanc surmonté d'un anneau gravé du logo de la CAF.

La Confédération africaine de football a souligné que ce nouveau trophée est "plus qu'un simple prix, c'est un symbole d'égalité, d'unité et d'excellence dans le football africain. Il est également destiné à inspirer des millions de jeunes filles africaines à poursuivre leurs rêves dans le football."

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