"Pour moi, la foi passe avant tout. Elle passe avant le football."

Alors que le ramadan touche à sa fin, Dango Ouattara, joueur de Bournemouth, sait clairement quelles sont ses priorités.

L'attaquant burkinabé est un fervent musulman qui prie cinq fois par jour, ainsi qu'avant et après chaque match, affirmant que cela l'aide à "rester humble". "Cela nous permet de nous recentrer sur nous-mêmes, de voir ce que nous avons fait de bien et ce que nous n'avons pas réussi à faire", explique l'attquant de 23 ans à BBC Sport Africa lors d'une rencontre à la mosquée de Poole.

"Cela nous permet également de nous corriger dans la société. Cela nous permet de rester sur le bon chemin".

A lire aussi sur BBC Afrique :

• Comment le football évolue pour aider les joueurs pendant le Ramadan
• Briser le « tabou » de la santé menstruelle dans le football féminin africain
• L'ascension de Guirassy, de compagnon de route à buteur de la Ligue des champions

Au cours de notre conversation, M. Ouattara utilise régulièrement des mots tels que "calme" et "stable" pour décrire les bienfaits de l'islam.

Personnage calme et réfléchi, à la limite de la timidité, il n'a rien de bling-bling. Il arrive tôt pour notre entretien, vêtu de blanc de la tête aux pieds, et demande à prier avant que nous nous installions pour discuter.

"La foi me permet de surmonter de nombreux défis, de respecter les autres, de respecter les choix et les religions aussi", explique-t-il.

"Que ce soit sur le terrain, en dehors avec les amis ou même avec ma famille, elle me permet d'être serein dans ma vie quotidienne."

"Il faut croire avant de pouvoir faire quelque chose."

"La communauté montre que l'on n'est pas seul"

Cette saison, Ouattara semble croire en ses capacités.

Bien qu'il ne soit pas régulièrement titulaire, il a marqué neuf buts en 30 apparitions toutes compétitions confondues pour les Cherries, dont un triplé contre Nottingham Forest en janvier.

Ces chiffres représentent une nette amélioration par rapport à la saison dernière, où il n'avait marqué qu'une seule fois.

Avec l'équipe d'Andoni Iraola en lice pour l'Europe, Ouattara affirme qu'il est "très amusant" de jouer dans cette équipe.

"Le secret de cette année, c'est que nous avons le même groupe, pratiquement les mêmes joueurs et le même entraîneur. C'est important d'avoir un groupe qui continue à se développer ensemble", a-t-il ajouté.

"On voit à chaque fois que les joueurs prennent du plaisir."

"Nous allons tout faire pour aller plus loin".

Né à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, Ouattara a lui-même fait un voyage, puisqu'il est arrivé sur la côte sud de l'Angleterre par l'intermédiaire du club français de Lorient.

Signé pour 20 millions de livres sterling (26 millions de dollars), il est devenu, lors de ses débuts en janvier 2023, le deuxième Burkinabé à évoluer en Premier League, après le capitaine de son équipe nationale et ancien attaquant d'Aston Villa, Bertrand Traoré.

Toujours mal à l'aise à l'idée de parler en anglais pendant de longues périodes, il confirme que la langue a été le principal problème à son arrivée, mais il ajoute que la religion a également joué un rôle.

"Mon agent et moi avons réussi à trouver la mosquée, et j'ai commencé à reprendre mes habitudes", explique-t-il.

"Et quand je suis arrivé à la mosquée, tout s'est bien passé pour moi avec le football. Je me suis donc retrouvé dans l'environnement que j'avais laissé derrière moi à Lorient."

"C'est utile parce que lorsque vous vous retrouvez dans une autre ville, la communauté vous montre que vous n'êtes pas seul. Vous avez la possibilité de prier avec d'autres personnes, de rencontrer de nouvelles personnes."

"Cela nous permet de rester concentrés sur la religion."

Le cuisinier du club, se lever tôt et faire la sieste

Cette année, le ramadan a commencé le vendredi 28 février et se terminera le dimanche 30 mars.

Ce mois est considéré comme sacré, car les musulmans pensent qu'il marque le moment où le Coran a été révélé pour la première fois au prophète Mohamed.

Pour les adeptes, le jeûne joue un rôle essentiel : ils renoncent à manger et à boire entre le lever et le coucher du soleil.

"Je ne dirais pas que le ramadan est difficile, c'est plus mental, parce que personnellement j'ai l'habitude de le faire", dit Ouattara.

"C'est plutôt le manque d'eau. Et comme il faut se réveiller à des heures inhabituelles pour manger, c'est plus fatigant".

Mais il a un plan astucieux pour lutter contre la fatigue : les siestes.

"Je me réveille à 4h30, je fais mes ablutions et j'ai déjà la nourriture qui a été préparée par le cuisinier du club."

"Je mange, et après les prières, j'ai le temps de me recoucher pendant une heure ou deux avant l'entraînement."

"Puis, après les séances, je fais mes prières et je dors encore une heure. Le fait de me reposer à chaque fois me permet de mieux récupérer".

• L'histoire de la photo emblématique, 25 ans après
• Les souvenirs d'un truqueur de matchs

Malgré son jeûne, et quand il ne fait pas la sieste, le plan d'entraînement de Ouattara reste à peu près le même.

"C'est encore plus facile quand vous avez le soutien de toute l'équipe, qu'il s'agisse des joueurs ou du staff."

"Tout le monde me demande comment tu te sens. Est-ce que ça se passe bien ? Est-ce que ce n'est pas trop difficile ?"

"Ils me comprennent et m'encouragent".

Bien qu'il soit le seul musulman de l'équipe de Bournemouth, Ouattara est loin d'être le seul joueur de Premier League à jeûner pendant le Ramadan.

En effet, ce mois est devenu si important qu'en 2021, la ligue a introduit un nouvel accord qui permet aux officiels d'interrompre les matchs en cours au coucher du soleil pour permettre aux joueurs de rompre leur jeûne.

M. Ouattara en est reconnaissant.

"L'initiative de la Premier League est à féliciter car il n'est pas facile de jouer tout en jeûnant."

"Nous espérons qu'elle se poursuivra."

Dango Ouattara est quelqu'un qui entend fortement l'appel à la prière, ce qui a contribué à faire de lui un joueur en qui les supporters de Bournemouth peuvent avoir confiance.

Lire aussi :

• Pourquoi les propos de Carragher sur la CAN fait polémique en Angleterre
• "Il m'a fallu six mois pour me sentir bien à Man Utd" - Onana
• « Je n'avais jamais vu quelqu'un mourir avant » - Adebayor à propos de l'attaque du bus du Togo il y a 15 ans