07h12 CET
21/12/2024
Sept mois après leur premier combat, le champion du monde Oleksandr Usyk et son grand rival Tyson Fury se retrouvent pour une revanche samedi à Ryad, où l'Ukrainien espère prolonger sa suprématie et le Britannique se venger de la seule défaite de sa carrière.
Le 19 mai dernier, au terme d'un combat qui avait tenu toutes ses promesses, Usyk était devenu le premier champion incontesté des poids lourds depuis Lennox Lewis en 1999. L'Ukrainien, déclaré vainqueur par décision partagée, unifiait alors les quatre ceintures de la catégorie.
Depuis, Usyk a renoncé à son titre IBF, récupéré entre temps par le Britannique Daniel Dubois. Le "rematch" de samedi, l'événement de boxe le plus attendu de cette fin d'année, aura donc pour enjeu les trois autres ceintures, celles de la WBA, de la WBO et de la WBC.
A l'approche de cette seconde salve, le moustachu de Simferopol et le "Gypsy King" ont fait monter la pression, se livrant jeudi à un extraordinaire face-à-face les yeux dans les yeux pendant plus de 11 minutes.
- Des "dégâts" et de la "douleur" -
Peu bavard lors de la conférence de presse, l'imprévisible Britannique a reconnu qu'après avoir "parlé et plaisanté" tout au long de sa carrière, il était prêt au combat. "Cette fois, je suis sérieux. Je vais faire des dégâts ici samedi soir. Je vais infliger beaucoup de douleur", a-t-il déclaré.
Usyk, 37 ans, a de son côté refusé d'entrer dans le jeu des provocations verbales. "Tout va se jouer samedi soir", a-t-il lancé.
Lors du match aller, Fury, 36 ans, avait subi la première défaite de sa carrière. Avant d'affronter Usyk, il était en effet invaincu en 35 combats, malgré une carrière en dents de scie marquée par des épisodes dépressifs et des problèmes d'addiction.
Sa préparation avait été chaotique après qu'une vilaine blessure à l'oeil à l'entraînement l'avait obligé à reporter le combat de trois mois. Lors des derniers préparatifs, son père, John, avait infligé un coup de tête à un membre de l'entourage d'Usyk, et il a été révélé plus tard que la femme de Fury avait subi une fausse couche la veille du combat.
Jeudi, il a refusé de se produire devant les caméras lors d'un entraînement public organisé sous le regard d'un faux Sphinx dans le parc d'attractions Boulevard World de Ryad. Vêtu d'un sweat à capuche et d'une veste en cuir, Fury s'est promené sur le ring, a lacé ses gants, les a enlevés à nouveau, puis a proféré des menaces monosyllabiques.
Usyk, en revanche, était souriant et exubérant, dansant et pratiquant du shadow boxing sur la musique de la star pop ukrainienne Artem Pivovarov.
- 180 millions d'euros -
"Le premier combat appartient au passé", a déclaré le champion olympique 2012, ajoutant qu'il se sentait "bien, très à l'aise dans la boxe et à l'entraînement".
Fury, ancien champion WBC, doit battre Usyk samedi s'il veut faire oublier la seule tache figurant sur son bilan. Mais du côté du gaucher ukrainien, son jeu de jambes, sa vitesse et son impressionnante condition physique font de lui un redoutable poids lourd. Le Britannique partira toutefois avec un immense avantage de poids. Vendredi il a été pesé à 127 kilos, soit le poids le plus lourd de sa carrière, contre 102 kilos pour l'Ukrainien.
L'Arabie saoudite, premier exportateur mondial de pétrole, investit massivement dans le sport pour rehausser son image, lui valant d'être régulièrement accusée de "sport-washing", c'est-à-dire d'utiliser le sport pour détourner l'attention de son bilan en matière de droits humains.
Malgré ces critiques, le pays est en train de devenir l'incontestée capitale de la boxe mondiale, à coups de bourses monumentales et de productions digne d'Hollywood. Pour le combat de samedi, les médias britanniques ont ainsi fait état d'une bourse de 150 millions de livres (180 millions d'euros), dont Usyk devrait se tailler la part du lion, contrairement à ce qui s'était passé en mai, lorsque Fury avait selon les médias perçu 70% de la somme.