20h32 CEST
27/06/2024
Pour se préparer aux Jeux olympiques de Paris, le boxeur palestinien Wassim Abou Sal suit les instructions qu'envoie par texto son entraîneur basé au Caire, empêché de former son poulain en personne à cause des restrictions de mouvement israéliennes.
A 20 ans, Wassim Abou Sal se prépare à devenir le premier boxeur palestinien à concourir aux JO après avoir reçu une invitation et s'imagine déjà décrocher la toute première médaille palestinienne.
"C'est mon rêve depuis mes 10 ans", raconte-t-il à l'AFP dans sa salle de sports de Ramallah, en Cisjordanie occupée. "Tous les jours je me réveillais en me demandant comment arriver aux JO".
Les Palestiniens sont représentés officiellement au sein du Comité international olympique (CIO) depuis 1995 malgré l'absence d'un Etat de Palestine reconnu.
Bien qu'il ne se soit pas qualifié pour les Jeux de Paris, Wassim Abou Sal a reçu une invitation du CIO, pour que tous les pays soient représentés.
En catégorie poids légers (-63 kg), il prendra part à son premier combat olympique le 28 juillet, après des entraînements en partie réalisés à distance avec son coach Ahmad Harara, un Palestinien de 32 ans originaire de la bande de Gaza et établi en Egypte il y a plusieurs années.
"Depuis, je supervise l'entraînement de Wassim à distance", dit-il.
Les deux hommes ne peuvent se voir qu'à l'étranger car Israël ne permet pas aux Gazaouis de se rendre dans les Territoires palestiniens, sauf exception.
- Peu de compétitions -
"Je ne le vois que lorsque je voyage" pour des tournois internationaux, explique le jeune boxeur. "Il définit mon programme d'entraînement chaque jour et je m'exerce tous les matins".
Ensuite, son mentor, un autre athlète, Nader Jayoussi, prend le relais dans la salle de Ramallah où d'autres espoirs de la boxe échangent les coups, sur fond de chansons traditionnelles palestiniennes et de rap.
Son sparring partner habituel ne boxe pas dans la même catégorie que lui, puisqu'il pèse 71 kg, contre 57 kg pour Wassim Abou Sal. Il a bien un adversaire du même poids, mais il est basé Jérusalem, ce qui complique les combats.
La Cisjordanie, occupée depuis 1967, est séparée de Jérusalem-Est et d'Israël par une barrière de sécurité faite de barbelés ou de murs de béton et ponctuée de points de passage militaires. Sauf permis, les Palestiniens de Cisjordanie ne peuvent les traverser.
"Ça rend les tournois compliqués à organiser, donc il y a moins de compétitions dans le pays", regrette le boxeur, qui note qu'aller à l'étranger comporte aussi son lot de difficultés. "De nombreux pays refusent les visas aux détenteurs de passeports palestiniens ou alors on rate des tournois du fait de l'attente des visas".
Pour se rendre à Paris, il ira d'abord à Amman, en Jordanie, par la route.
- "Retrouver la vie" -
"Nous n'avons pas tant de bons boxeurs que je peux faire s'entraîner avec Wassim. C'est un gros défi pour nous car le fer aiguise le fer", déplore M. Jayoussi, pour qui il s'agit toutefois d'un "moment de fierté, pas seulement pour moi mais pour la Palestine".
Au delà des tracas devenus quotidiens, il a fallu s'entraîner sur fond de guerre à Gaza ayant affecté la santé mentale des sportifs qui reçoivent chaque jour des informations sur des athlètes tués, raconte l'entraîneur.
Il cite un coach tué dans un raid aérien israélien, un boxeur de Gaza ayant perdu son oncle et un autre ayant perdu un oeil par un éclat d'obus.
La guerre a été déclenchée par l'attaque du mouvement islamiste palestinien Hamas sur le sol israélien le 7 octobre, ayant entraîné la mort de 1.195 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.
Au moins 37.765 Palestiniens ont été tués dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé du gouvernement de Gaza dirigé par le Hamas.
A Ramallah, Wassim Abou Sal "s'entraîne, mange, dort", et rêve de médaille. "C'est comme si j'avais retrouvé la vie".