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Ezra Frech, la star américaine des Paralympiques qui veut "lever le tabou" autour du handicap

Ezra Frech sur le podium avec sa médaille d'or après le 100m en catégorie T63 au stade de France(Saint-Denis)lors des Jeux paralympiques de Paris le 2 septembre 2024

19h22 CEST

04/09/2024

Il restera comme l'un des visages des Jeux paralympiques qui s'achèvent dimanche à Paris: à 19 ans, l'Américain Ezra Frech, médaillé d'or sur 100 m et en saut en hauteur, veut se servir de sa médiatisation pour "déstigmatiser" le handicap.

"Lorsque j'étais plus jeune, j'étais très en colère d'être né comme ça et je m'en voulais beaucoup", racontait le Californien à une chaîne locale de CBS en 2020. "Puis en grandissant, j'ai réalisé que j'étais né comme ça et qu'il n'y avait pas de raison de se morfondre" mais plutôt de "tirer le meilleur de ma vie, d'être le meilleur athlète et étudiant possible", ajoutait-il.

Né sans os dans la jambe gauche et avec un seul doigt sur la main gauche, Ezra Frech est amputé de sa jambe à l'âge de deux ans et l'un des orteils de son pied gauche lui est transplanté sur la main.

Son envie de participer à des Jeux paralympiques remonte à 2016, lorsque, enfant, il a une révélation en regardant les Jeux de Rio à la télévision. Huit ans plus tard, avec ses deux titres parisiens, il est désormais en bonne voie d'atteindre son rêve: devenir l'athlète paralympique le plus titré de l'histoire.

Mardi, il a facilement remporté le concours de saut en hauteur, discipline dont il détient le record du monde (1.97m) dans la catégorie T63, en établissant le nouveau record paralympique à 1.94m. La veille, il avait décroché une médaille d'or surprise sur le 100m de sa catégorie avec un temps de 12.06s.

Mais son objectif va au-delà de ses performances dans les stades: il s'agit, explique-t-il, d'utiliser le sport pour lutter contre les clichés tenaces sur les personnes en situation de handicap.

"Ma vraie motivation, c'est notre communauté dans son ensemble", confiait-il à Olympics.com en mai. "Vivre avec un handicap physique est difficile, mais mes objectifs principaux sont de normaliser le handicap, le 'déstigmatiser', changer le regard de la société, lever le tabou autour de cette communauté, qui ne devrait pas exister."

"Je crois, ajoutait-il, qu'avec une représentation, une mise en avant et une sensibilisation correctes des Jeux paralympiques, les enfants du monde entier ne seront plus abandonnés par leurs parents juste parce qu'ils sont nés différents."

- "Apporter de la lumière" -

Son état-civil fait d'ailleurs directement écho à la mission qu'il s'est assigné. Intervenant elle aussi sur CBS en 2020, sa mère, Bahar Soomekh, née en Iran, expliquait la genèse de son prénom: "C'était difficile, je dois l'admettre, c'était mon premier enfant et je n'avais jamais entendu parler de bébés à qui il manquait des membres. C'était un énorme choc pour moi mais j'étais persuadée qu'il y avait un but, une raison pour que cet enfant soit là, d'où le choix du prénom Ezra, qui signifie 'aider'."

Conscient des barrières à abattre pour pratiquer un sport adapté, que ce soit les prothèses à 14.000 euros ou les fauteuils roulants de course eux aussi onéreux, le jeune sportif a honoré son prénom et créé, avec ses parents, Angel City Sports, une organisation à but non lucratif qui organise chaque année quelque 250 stages de sport adapté pour des athlètes en situation de handicap.

Le para-athlète, aîné d'une fratrie de trois, a constaté à quel point le sport peut être un havre de paix pour les personnes en situation de handicap. "Environ 15% des Américains souffrent d'une forme de handicap, pourtant où que l'on aille, on se sent comme un étranger, témoigne Ezra Frech. A l'école, j'étais le seul enfant avec une seule jambe. On me dévisageait, on me pointait du doigt, on me sous-estimait partout où j'allais. Le sport était une échappatoire à tout cela, et lorsque j'en faisais, c'était le seul moment où je ne me sentais plus différent."

Si son père, Clayton, fier de lui, craint qu'il "ne mette trop de poids sur ses épaules", l'enthousiasme d'Ezra reflète celui de sa mère Soomekh, ancienne actrice apparue dans le film 'Collision' de Paul Haggis, Oscar du meilleur film en 2006. "Je veux aider ces familles, confiait-elle en 2019. Quand elles ne voient que l'obscurité, nous pouvons leur apporter de la lumière et leur montrer qu'il y a un monde merveilleux pour elles."

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