19h52 CEST
27/04/2025
Le placide Arne Slot a repris le flambeau de l'icône volcanique Jürgen Klopp à Liverpool avec subtilité et conviction, des qualités qu'il a su cultiver très tôt durant sa modeste carrière de joueur aux Pays-Bas.
"Je dis toujours: je n'étais pas très rapide, certains me qualifiaient de lent, et cela m'a peut-être un peu aidé à comprendre le jeu" car "je devais beaucoup réfléchir", a-t-il résumé en octobre.
De ces limites, l'ancien milieu de terrain de FC Zwolle, NAC Breda et Sparta Rotterdam a tiré des principes forts, à commencer par l'humilité, le goût du travail et des détails, et le sens du collectif, aussi.
Cette trilogie colle à la philosophie de Liverpool, certes, mais il n'était pas certain qu'elle se traduise en actes et en trophées de manière instantanée.
Pourtant, le Néerlandais au CV peu épais a balayé le scepticisme ambiant grâce à une première saison fantastique en Premier League, où il a guidé les Reds à un 20e titre historique.
"Arne Slot a apporté beaucoup de calme au club. Incroyable au niveau tactique. Ils ont fait le bon choix", a apprécié Daniel Sturridge, ex-attaquant de Liverpool, dimanche sur Sky Sports.
À 46 ans, Slot accède à la renommée internationale pour sa première expérience à l'étranger, lui qui a commencé à entraîner en deuxième division, à Cambuur, avant d'être promu sur les bancs d'AZ Alkmaar (2019-2020) et du Feyenoord (2021-2024).
- Van Basten de victime à adorateur -
Le gamin de Bergentheim, une commune proche de l'Allemagne, a appris le métier auprès de son père Arend, directeur d'école et entraîneur de l'équipe locale, à la réputation stricte. Puis il a affiné sa science du jeu crampons au pied.
En 2009 avec le Sparta, il a convaincu son entraîneur Foeke Booy, devant les autres joueurs, de renoncer à un pressing haut face à l'Ajax. Son équipe a gagné 4-0 et provoqué le départ de l'entraîneur adverse, un certain Marco van Basten.
L'ancien grand attaquant de l'AC Milan n'est pas rancunier: "la façon dont il transmet toutes ses idées et dont il amène ses joueurs à jouer exactement de la manière voulue, c'est vraiment impressionnant. Il respire le calme parce qu'il est extrêmement intelligent".
Slot a réussi à vite sécher les larmes des supporters de Liverpool, orphelins du charismatique Klopp, parti après neuf ans de succès.
La révolution s'est faite en douceur avec une équipe quasiment intacte (le seul renfort, Federico Chiesa, n'a quasiment pas joué), des repositionnements tactiques payants pour certains joueurs (Gravenberch, Szoboszlai), un style de jeu moins rock'n roll, certes, mais avec davantage de maîtrise et d'équilibre.
"J'ai hérité d'un bon groupe", a-t-il l'habitude de dire.
- Humour et pédagogie -
Son système tactique préférentiel (une formation alignée en 4-2-3-1) a aussi offert une grande liberté de mouvement à Mohamed Salah, la star d'attaque, auteur d'une saison supersonique sur l'aile droite.
Sur les sujets extra-sportifs, il a esquivé les rares pièges médiatiques qui lui ont été tendus, en premier lieu celui de la délicate gestion des fins de contrat.
Dans un anglais quasi-parfait, le Néerlandais a poliment répété que ce sujet concernait les joueurs et la direction sportive, pas lui. Et il a parfois utilisé l'humour pour mettre en sourdine les bruits parasites.
Comme quand Salah a dit avoir peut-être disputé son "dernier" match à Anfield contre Manchester City, Slot a répondu en souriant: "peut-être que +Mo+ en sait plus sur les 115 charges (pesant sur City, ndlr), donc il s'attend à ce qu'ils ne soient pas en Premier League la saison prochaine".
A l'aise face aux caméras, direct et pédagogique face aux joueurs, le Néerlandais a déjà gagné l'essentiel: la Premier League et l'amour des supporters.
Devant eux, dimanche, il a saisi un micro pour chanter le nom de son prédécesseur, sur l'air de "Life Is Life". Klopp avait lancé cette reprise sur la pelouse d'Anfield, après son dernier match, en chantant "Arne Slot, la la la lala". La boucle est bouclée, Slot est adopté.