20h12 CEST
22/10/2025
La capitaine des Bleues, Griedge Mbock, 30 ans, a commencé en septembre une licence de psychologie en parallèle de sa saison au PSG pour pouvoir devenir psychologue du sport à la fin de sa carrière, a-t-elle raconté mercredi dans un entretien à l'AFP.
Q: depuis quand êtes-vous intéressée à ces questions de santé mentale ?
R: "Depuis 2020 quand je me suis blessée et j'ai découvert, à cause de ces blessures, ce domaine. Je me suis rendue compte que c'était dommage d'attendre d'avoir été blessée pour en entendre parler. J'ai continué à travailler avec des préparateurs mentaux et des psychologues du sport. Et en début de saison dernière, quand j'étais blessée au PSG (une syndesmose à la cheville), j'ai eu le temps de réfléchir à ce que je voulais faire et j'ai eu envie de me lancer dans des études de psychologie. J'ai rencontré des professionnels et j'ai tellement aimé leur approche et leur aide que je me suis dit que c'est ce que je voulais faire. Je voulais aussi être capable d'aider les autres dans leur développement personnel, dans leur carrière et leur après-carrière".
Q: selon vous, ce domaine n'est pas encore assez développé dans le football ?
R: "Oui. Or, je pense que c'est un domaine qui est primordial et qui devrait être mis en lumière. En équipe de France, on a un préparateur mental mais ce n'est pas encore démocratisé dans tous les clubs. Aujourd'hui, il faut travailler davantage sur les questions de gestion des émotions, des gros événements aussi et l'après-carrière. Même si on est jeune, on ne sait jamais ce qui peut arriver, il peut y avoir des blessures. Je pense que c'est important d'y penser, que ce soit dans un coin de la tête, avant une grosse blessure. Il y a bien des préparateurs physiques, il faut donc des préparateurs mentaux".
Q: comment vous organisez-vous avec le PSG pour suivre cette licence ?
R: "Je me suis inscrite à l'université Paris Cité en licence de psychologie. J'essaye d'y aller quand je peux, au moins trois fois par semaine. Je vais faire la première année de licence en deux ans pour que cela soit compatible avec ma saison. Comme je suis sportive de haut niveau, j'ai un calendrier aménagé avec huit heures de +TD+ par semaine en présentiel et des cours magistraux que je peux suivre à distance. Je fais de la statistique, de l'apprentissage par la recherche, de la +psychopathologie+ et de la +psychoclinique+. J'aurais aussi les partiels à passer en fin de semestres. Pour devenir psychologue du sport, je devrais faire ensuite un master de deux ans".
Q: quel cours vous plaît le plus pour l'instant ?
R: "La psychopathologie, l'étude des pathologies. Cela permet de mettre des mots sur les troubles psy de chacun, de voir l'évolution de la psychologie jusqu'à maintenant et de comprendre le mécanisme psychique humain".
Q: le fait de faire ces études et de vous intéresser à ce sujet vous aide-t-il en tant que leader des Bleues ?
R: "J'avais déjà cette appétence à vouloir comprendre les gens. Je suis beaucoup dans l'observation et je sais que j'aime voir comment fonctionnent les gens. J'avais déjà cette habitude avant de commencer ces études".
Q: comme capitaine et passionnée par ce sujet, discutez-vous davantage avec le préparateur mental des Bleues, Thomas Sammut ?
R: "J'échange beaucoup avec lui forcément sur le groupe et sur le leadership, sur le fait de connecter les énergies et de faire en sorte que tout le monde soit sur la même longueur d'onde. L'idée est de faire ressortir le potentiel de tout le monde, pour que chacune puisse se sentir bien, à l'aise, et qu'on s'appuie sur les qualités de l'autre et qu'on puisse additionner ces qualités et être les plus performantes possible".
Q: Thomas Sammut dit notamment que vous ne vous dites pas assez de choses positives entre vous ?
R: "C'est vrai qu'en France, on est un peu pudiques. Or, c'est important de pouvoir exprimer ce qu'on pense de quelqu'un. Et cela +booste+ aussi la confiance de la personne quand elle le sait, c'est gratifiant pour elle. Cela donne envie aussi de s'ouvrir encore un peu plus et d'aller vers l'autre. C'est un cercle vertueux".
Propos recueillis mercredi par Alice LEFEBVRE.