Le vieux sage face au jeune loup: le duel mercredi entre Marseille et Nice, décisif dans la course à l'Europe, verra s'affronter Jean-Louis Gasset, le très expérimenté coach de l'OM, et le jeune Francesco Farioli, représentant de la nouvelle école.

A son arrivée à l'OM, en février dernier, Gasset (70 ans) a parlé lors de sa première conférence de presse de son premier passage à Marseille en 1994, de la D2 et du Vélodrome presque vide face à Saint-Brieuc. Farioli avait alors cinq ans.

Si son expérience ne peut évidemment pas être comparée à celle de Gasset, le jeune Italien (35 ans) n'est pourtant pas un débutant absolu. Mercredi au Vélodrome, il dirigera déjà sa 109e rencontre à la tête d'un club professionnel dans l'élite (il en est à 33 en France et 75 auparavant dans le championnat turc, avec Alanyaspor et Karagümrük).

Il faut dire que le Florentin, diplômé en philosophie, s'est destiné très jeune au métier d'entraîneur. A 25 ans, il travaillait déjà au sein de l'Académie Aspire au Qatar.

- Dans le cambouis -

Passionné de tactique, Farioli a ensuite été repéré par Roberto De Zerbi après avoir décrypté dans un blog le jeu de Foggia, que l'actuel coach de Brighton dirigeait alors en 3e division italienne. Une fois en poste à Benevento, De Zerbi lui a proposé le poste d'entraîneur des gardiens et leur collaboration s'est étirée sur trois saisons, de juin 2017 à juin 2020.

"Il est jeune et dynamique, son ADN correspond à ce que je suis, ce qu'on est, ce qu'on veut construire", déclarait en début de saison le directeur sportif niçois Florent Ghisolfi pour expliquer ce choix qui avait surpris.

Avant de s'épanouir en tant que N.1, Gasset a lui aussi été dans l'ombre, notamment celle de Laurent Blanc en équipe de France et au Paris SG. "Le N.2 fait le travail invisible, il met les mains dans le cambouis. Ça me plaisait avec Laurent Blanc et avec Luis Fernandez", a-t-il raconté à son arrivée à Marseille.

A l'OM, il est arrivé pour "une mission de 100 jours", après avoir pris conseil auprès de sa famille et de sa mère - à qui il a récemment promis de revenir "dans un mois". Il fallait alors sauver ce qui était encore sauvable au sein d'un groupe secoué par les échecs de Marcelino et Gennaro Gattuso.

L'éphémère sélectionneur de la Côte d'Ivoire y est en partie parvenu, avec un beau parcours en Ligue Europa - l'OM est qualifié pour les demi-finales - mais des résultats toujours insuffisants en Ligue 1.

- Directif et pointilleux -

Avec des mots et des idées simples, avec sa connaissance fine du football et de ses acteurs, Gasset a apporté de la confiance et de la bienveillance, épaulé par son complice Ghislain Printant.

"A l’hôtel où on est installés, on se voit à 7h du matin avec nos feuilles, où on note nos idées. Et sur nos feuilles, il y a la même chose", a raconté Gasset.

"Ils connaissent le foot par coeur", a confirmé le milieu de terrain Jordan Veretout. "Gasset a apporté de la sérénité, il a eu les mots justes pour remettre les têtes à l'endroit. Il parle individuellement aux joueurs pour les mettre dans les meilleures conditions. On est repartis sur du basique et c'est ce qu'il nous fallait", a-t-il ajouté.

A Nice, Farioli est lui aussi "très attentionné avec les joueurs", selon Jean-Clair Todibo. "Mais sur le terrain, il est très pointilleux. Pour un ou deux mètres, il peut devenir très directif", ajoute le défenseur.

Sûr de ses idées, même lorsque les résultats sont moins bons et que les tensions s'installent, l'Italien préconise "l'amélioration du plan A" plutôt que d'échafauder d'autres tactiques. "Il a une grande palette de joueurs pour réussir sa mission", a aussi jugé Gasset mardi en conférence de presse.

Confronté à une avalanche de blessures, l'entraîneur de l'OM a de son côté souvent dû bricoler plutôt que de pouvoir imposer de grands préceptes tactiques. "Il faut être hybride. C'est le mot magique", a-t-il souri récemment.

Le jeune contre l'ancien, le théorique face au pragmatique, résultat mercredi vers 23h00 au Vélodrome.