23h32 CEST
31/05/2025
Le titre historique du PSG en Ligue des champions consacre son homme fort l'entraîneur Luis Enrique, qui par ses méthodes exigeantes et ambitieuses a tout changé au club, dix ans après un premier triomphe avec Barcelone.
Il y a eu le clinquant PSG de Mbappé, Messi et Neymar, mais il aura été bien vite remisé dans les mémoires au profit du PSG de Luis Enrique.
Avant même la victoire historique contre l'Inter Milan samedi à Munich, l'Espagnol de 55 ans était devenu le principal visage de l'équipe depuis deux saisons. Mais permettre au club de soulever la Coupe aux grandes oreilles 24 mois après son arrivée le propulse dans une nouvelle dimension: celle de plus grand entraîneur de l'histoire du club et l'un des meilleurs du monde.
Luis Enrique semblait souffrir du manque de reconnaissance à propos de son premier titre en C1 en 2015 avec le FC Barcelone et sa "MSN" (Messi, Suarez, Neymar): "Le travail que j'ai fait à Barcelone était exceptionnel, j'ose le dire", disait-il avant sa deuxième finale, 10 ans plus tard. "On disait que c'était facile de gagner la C1 avec cette équipe, on a vu que non".
Néanmoins "à Paris le projet était différent. C'est un projet de construction, il a fallu inventer", a-t-il raconté. Le mérite de l'Espagnol est encore plus évident à la tête du PSG.
A Paris en effet, il ne s'agit pas de gérer un effectif mûr ni d'être le garant d'une philosophie de jeu identifiée. Au contraire, on lui donne carte blanche pour tout changer à son arrivée à l'été 2023. Paris en avait marre des stars, de leurs caprices, de leurs polémiques et de leur inconstance et voulait faire sa révolution.
Pour la mener, le président Nasser Al-Khelaïfi et Luis Campos ont misé sur le natif de Gijon, homme d'expérience et de caractère aussi en lui donnant le pouvoir et la liberté qu'aucun autre n'a eus avant lui.
"Celui qui incarne le mieux le projet, c'est le coach, il a les clés et il a le double. Il a une vraie légitimité, un vrai savoir-faire, il sait ce qu'il veut", expliquait-on au club à son arrivée.
- Pression constante -
Luis Enrique, obsédé par la nutrition, a par exemple immédiatement réclamé et obtenu "une machine à 15.000 euros qui détecte tous les paramètres physiologiques. Les joueurs y passent une à deux fois par semaine", raconte une source proche du club.
Et le public français a vite découvert ses idées de jeu basées sur la possession et le pressing, son tempérament, ses manies, sa volonté d'être "fort avec les forts" dans le vestiaire...
Aux yeux du technicien, aucune tête ne doit dépasser de l'équipe. Même celle de Kylian Mbappé.
Dans un documentaire pour la télévision espagnole diffusé à l'automne, on voit l'entraîneur sermonner la superstar des Bleus, impassible, et l'enjoindre à défendre davantage. Après l'annonce de son départ au Real Madrid, la vedette sera régulièrement laissée sur le banc en seconde partie de la saison 2023-24.
"Faire cohabiter des grands joueurs avec Luis Enrique, c'est difficile", souligne la source précitée. Ainsi, les tensions avec Ousmane Dembélé début octobre, nées d'un retard à l'entraînement, menaçaient de gâcher la saison. Le joueur a été privé de déplacement à Londres pour affronter Arsenal en C1, puis tancé publiquement après son exclusion à Munich fin novembre.
L'attaquant des Bleus a par ailleurs décrit en avril la pression constante mise par l'entraîneur: "Le coach nous a rabâché: +si tu presses pas, défends pas, quelqu'un va prendre ta place+, donc on défend tous".
Mais Luis Enrique a aussi mis de l'eau dans son vin, et stimulé ce joueur-clé en le replaçant en faux 9, à partir de décembre 2024. Il fallait y penser, confier à Dembélé le soin d'à la fois construire et conclure les actions, lui qui a souvent péché à la finition. Mais depuis, le numéro 10 empile les buts et son influence dans le jeu reste énorme.
- Obsession -
"Luis Enrique est capable de faire progresser n'importe quel type de joueur", témoigne un proche du club. "Lucho" parle à chacun presque tous les jours, accompagné souvent de son psychologue Joaquin Valdes.
"On voit que Luis Enrique a une connexion de plus en plus forte avec ses joueurs. Tout le monde court, joue sa partition", observait en février son compatriote Carles Martinez Novell, l'entraîneur de Toulouse.
"Quand il est arrivé, il a ajouté son ADN. Petit à petit, il a réussi à améliorer notre jeu", commente le capitaine, Marquinhos. "Il a aussi beaucoup travaillé l'aspect mental, la motivation, la préparation, l'attitude des joueurs. Ce n'est pas juste un coach qui dit de faire ça ou ça. Il nous a montré le chemin. Il ne parle pas que de foot. C'est plus large que ça".
"Mon obsession est d'aider au maximum les joueurs. Il y a des fois où je n'ai pas réussi", confie Luis Enrique, conscient que son style n'a pas toujours recueilli l'adhésion unanime, notamment à l'AS Rome (2011-2012) ou même avec la sélection espagnole (2018-2022).
Sa réussite est désormais éclatante.