18h42 CEST
08/08/2024
Renversantes, les Bleues ont trouvé la force d'aller en prolongation pour battre les Suédoises jeudi au stade Pierre-Mauroy de Lille (31-28) et viseront un nouveau titre olympique après celui de Tokyo, samedi contre la Norvège.
Et Pierre-Mauroy est redevenu un chaudron assourdissant. Plongé dans le doute et la torpeur, l'arène s'est réveillée en fin de match, au diapason des Bleues et de leur cheffe d'orchestre Tamara Horacek, dont le but décisif à 14 secondes de la fin a permis d'aller de jouer dix minutes supplémentaires.
Grâce à Horacek, meilleure marqueuse avec huit buts, et à ses gardiennes Laura Glauser puis Hatadou Sako, la France a alors retrouvé des couleurs pour passer in extremis. Elle s'offre le droit de rêver à un doublé.
"Pendant 45 minutes on se dit que le plus probable c'est qu'on va perdre", retrace le sélectionneur Olivier Krumbholz. "On a eu le mérite de ne pas partir trop loin au score, +4 (pour la Suède) au maximum."
L'or serait légitime pour les championnes olympiques et du monde en titre, mais il faudra aller le chercher samedi à 15h00. La troisième finale de suite, après l'argent de Rio-2016, se jouera contre les Norvégiennes, qui ont battu les Danoises 25-21 dans la soirée à Lille.
Tant bien que mal, les Bleues continuent leur parcours parfait lors de ces JO-2024: sept victoires d'affilées. Elles portent désormais seules l'espoir d'or pour le hand français, après la désillusion de l'équipe masculine, éliminée en quarts mercredi. Une défaite de leurs homologues qui a été évoquée mercredi lors d'une réunion des joueuses pour pouvoir rester lucides en cas de moment similaire.
- Glauser, Sako, double mur -
Si elles étaient sur un nuage depuis la première semaine à Paris et depuis mardi à Lille pour la phase finale, les Bleues ont failli retomber sur terre brutalement.
Ce collectif bien huilé s'est encrassé. Maintenus à flots par la gardienne Laura Glauser, les Françaises ont longtemps peiné en attaque (efficacité à 37% en première période), manquant le cadre ou buttant contre le rempart suédois Johanna Bundsen, également dans un grand jour.
Partant d'un déficit de deux buts (12-10) à la reprise, les Bleues ont eu du mal à revenir, attendant le dernier moment pour s'en sortir, grâce au but d'Horacek (25-25 après 60 minutes).
"Dès qu'on est revenu dans les dix dernières minutes, ça a un peu changé d'âme (...) on a gagné mentalement", a soutenu Krumbholz, qui vient de vivre la victoire "la plus extraordinaire" de sa longue carrière.
Soutenues par 24.688 spectateurs, les Bleues ont dominé les dix minutes supplémentaires, avec Hatadou Sako au relais de Glauser pour rendre hermétique la cage française.
Tétanisées peut-être par l'enjeu, elles se sont enfin libérées. Méconnaissables favorites, les championnes du monde 2023 ont retrouvé leur statut, à l'image de leurs meneuses.
- "Rêve de petite fille" -
Rayonnante lors de ces JO, la demi-centre Tamara Horacek a d'abord été impuissante en attaque, souvent sortie pour être secondée dans ce secteur par Méline Nocandy. Inspirée par cette dernière, qui a sonné la révolte grâce à sa puissance, Horacek a fini par trouver la solution. La capitaine Estelle Nze Minko, avec sept buts, a elle longtemps limité la casse.
"C'est le match d'une vie, (...) ça représente le rêve d'une petite fille, a savouré Nocandy, tout le monde a pensé qu'on allait perdre, mais pas nous. (...) Dans le vestiaire on était super calmes parce qu'on s'attendait à ce match-là."
Après avoir "dynamité" la défense suédoise, la demi-centre a été touchée à l'épaule et est incertaine pour la finale, a expliqué le sélectionneur.
À l'image de la gardienne Johanna Bundsen, qui acceptait avec plaisir le statut d'outsider pour rejeter toute la pression sur les Bleues, les Suédoises ont joué quasiment jusqu'au bout une partition presque parfaite pour dérégler le jeu français.
Mais la France reste invaincue contre la Suède depuis une décennie (onze victoires et deux nuls), avec notamment des succès en demi-finale des JO en 2021 et au même stade au Mondial-2023.
Libérées, qualifiées, les Françaises ont longuement fêté le succès avec leurs supporters: "On est en finale!"